[tcm id=”2″]Depuis que j’accompagne les familles vers la parentalité positive, je suis confrontée à une nouvelle difficulté: celle de la culpabilité. Chaque jour, je reçois des mails de mamans qui me demandent des conseils et je dois avouer que derrière leurs questionnements et inquiétudes je sens souvent une certaine culpabilité.

Dès lors que nous devenons maman, nous avons le sentiment d’être jugée en permanence. Les livres de parentalité positive, en remettent une couche involontairement avec des injonctions bienveillantes telles que: « il ne faut pas crier sur ses enfants » « le stress des parents est contagieux » « il ne faut pas laisser un enfant pleurer » et j’en passe. Résultat: nous nous sentons davantage coupables. Coupables de ne pas passer assez de temps avec nos enfants, coupable d’être trop présentes, coupables d’être trop laxistes, coupables d’être trop autoritaires, coupables de crier, coupables d’être fatiguées, coupables de ne plus avoir de temps pour soi, coupables de prendre du temps pour soi, coupables de ne pas leur en donner assez, coupables de leur en donner trop… Bref, coupables d’être mère quoi!

A l’époque (dans les années 50) Donald Winnicott ne parlait pas de mère parfaite ou de mère idéale, mais plutôt de mère « suffisamment bonne ». Celle qui sait donner des réponses adaptées aux besoins de son enfant. Celle qui sait trouver le juste équilibre entre le trop et le trop peu. Aujourd’hui on parle de mères bienveillantes mais l’idée est la même! Une mère bienveillante n’est rien de plus qu’une mère qui prend soin. Or, si vous n’êtes pas les personnes les mieux placées pour répondre aux besoins et prendre soin de votre enfant qui peut l’être? L’important n’est pas d’être une mère ultra-compétente dans tous les domaines mais plutôt une mère qui fait de son mieux avec sa réalité. 

S’ajoute à notre culpabilité, notre fâcheuse tendance à nous comparer. Vous la connaissez, la magnifique chef d’entreprise, mère de trois enfants qui rayonnent à trois kilomètres à la ronde. Celle qui nous nargue avec son beau sourire, sa maison impeccable et ses enfants sages! En réalité nous nous fions aux apparences, peut être que son quotidien n’est pas si rose qu’il n’en a l’air. Ou peut être qu’il l’est mais que sa réalité est tout à fait différente de la nôtre. Peut être à t-elle du temps pour aller faire du sport? Peut être à t-elle une femme de ménage qui s’occupe de sa maison? Peut être à t-elle les moyens financiers d’aller chez l’esthéticienne toutes les semaines pour rayonner? Peut être n’assurerait-elle pas aussi bien dans une autre situation? Il n’est pas utile de se comparer, chaque situation est différente!

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Nul besoin d’être parfaite, soyons « suffisamment bonnes »! Cliquez pour tweeter

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Mais sinon, c’est quoi la culpabilité?

La culpabilité est un sentiment structurant, qui favorise l’empathie. Elle est nécessaire à notre sens moral pour distinguer le bien du mal. D’après Melanie Klein, psychanalyste spécialisée dans la petite enfance, elle se manifeste dès les premiers mois de la vie et se nourrit dans l’enfance, une sorte d’habitude que l’on prend et qui se développe.

Ce sentiment est souvent lié au passé: « j’aurai dû faire ceci », « je n’aurai pas dû faire cela »… Elle peut être saine et utile en nous poussant à corriger certains de nos comportements. Elle peut également être disproportionnée, lorsque nous ruminons une situation que nous ne pouvons pas changer ou que nous nous attribuons des responsabilités qui ne sont pas les nôtres. Dans ce cas elle peut être totalement envahissante et néfaste.

La culpabilité se manifeste lorsqu’il y a un écart entre nos besoins et nos valeurs. Prenons un exemple: Votre meilleure amie vous demande de garder ses enfants samedi soir. Dans les faits vous êtes disponibles, sauf que, votre mari étant parti depuis plusieurs jours, vous attendiez cette soirée avec impatience pour vous retrouver en famille. Se pose alors un dilemme. Soit vous suivez vos valeurs (l’amitié, l’entraide) et vous acceptez de garder ses enfants. Dans ce cas, vous allez ressentir de la frustration car votre besoin de passer du temps en famille ne sera pas comblé. Soit vous suivez vos besoins et refusez, dans ce cas vous ressentirez de la culpabilité car ce comportement n’est pas cohérent avec vos valeurs.

Dans son livre « au diable la culpabilité » Alexandre Thalmann amène un autre regard sur la culpabilité. Il explique que ressentir de la culpabilité est un moyen de se punir sois-même. Une façon de rester tout-puissant. Je ne sais pas vous, mais moi, cette théorie m’a fait culpabiliser de culpabiliser 🙂 Avec le temps cette idée a fait son chemin et je dois bien reconnaitre que se culpabiliser, quelque part c’est se rendre victime, se mettre au coeur du problème. C’est comme si on tentait de se déculpabiliser en culpabilisant! Cela m’a beaucoup aidé à changer de regard sur ce sentiment que je trouvais très respectable (après tout, ressentir de la culpabilité c’est ressentir de l’empathie)mais pas que…

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Gérer la culpabilité:

Dans les lignes qui suivent, vous ne trouverez pas de solutions miracles pour ne plus ressentir de culpabilité. Néanmoins, cela vous donnera peut être des pistes et agira comme un déclic pour vous?

1- Identifier ses besoins et ses valeurs:

Un des premiers travail que je propose aux familles que j’accompagne consiste à faire un point sur les valeurs et les besoins. En effet, comme je le disais plus haut, lorsque nos besoins et nos valeurs ne sont pas cohérents, cela crée une dissonance en nous, provoquant de la culpabilité ou de la frustration. La prochaine fois que vous vous trouverez face à une décision pouvant entrainer de la culpabilité, essayez d’identifier votre besoin et la valeur importante pour vous. Ainsi vous parviendrez peut être à trouver un moyen de combler votre besoin tout en étant en cohérence avec vos valeurs. Dans l’exemple ci dessus vous pourriez très bien accepter de garder les enfants de votre amie et demander à ce qu’elle vienne les récupérer le lendemain à 10h de façon à prévoir une activité en famille le dimanche.

2- Prendre des décisions et les assumer:

Face un dilemme, demandez-vous ce qui est le plus important pour vous et vos proches? Dans l’exemple de tout à l’heure qu’est-ce qui est le plus important? Aider votre amie ou retrouver du temps en famille? Et pour vos proches? Finalement, en y réfléchissant, vous vouliez passer une soirée en famille mais peut être que vos enfants seraient ravis d’être avec des copains? Il n’y a pas une bonne décision, toutes sont respectables. Avoir pesé le pour et le contre aide à prendre des décisions. Par la suite, il me parait important d’assumer ses choix, sans quoi vous ne prendrez aucun plaisir, dans un cas comme dans l’autre. Imaginons que vous cédiez à la tentation d’une belle crêpe au chocolat malgré vos valeurs qui vous dictent que ce n’est pas bien de manger entre les repas. Dans ce cas, la culpabilité va prendre le dessus et vous ne prendrez aucun plaisir. Quitte à prendre une décision culpabilisante autant l’assumer et en tirer des bénéfices non?

3- S’excuser/expliquer plutôt que culpabiliser:

Il nous arrive parfois de ressentir de la culpabilité lorsque nous nous laissons entrainer par nos émotions. Par exemple lorsque l’on hausse le ton sur notre enfant le matin pour qu’il se dépêche alors que nous prônons l’importance des matins sereins. Pas d’inquiétude, nous crions toutes! Au delà de ça, les enfants ont une grande capacité à pardonner. Vous pouvez tout à fait revenir sur votre comportement et expliquer à votre enfant ce que vous avez ressenti: « ce matin, j’étais énervée, j’avais peur d’être en retard alors je me suis fâchée pour que tu ailles plus vite. Je m’excuse » Cela le rassurera (ce n’est pas lui le problème) et lui apprendra la remise en question. Dans la plupart des cas, votre enfant vous dira que ce n’est pas grave et appréciera votre geste, il vous fera un bisou ou un câlin. D’autres fois il vous dira “c’est vrai que tu as exagéré” (“c’est clair t’as grave abusé” selon son âge) et cela laissera place à une jolie discussion. Entre nous, cela est valable avec les enfants mais aussi avec votre conjoint, amis… 😉

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Les choses qui m’aident à gérer ma culpabilité:

La culpabilité est un véritable fléau. Je le sais, car c’est un sentiment qui m’accompagne depuis ma plus tendre enfance. Sans prétendre m’être totalement débarrassée de cette sensation désagréable, j’ai appris à la dompter.

Mon premier pas a été de comprendre que je créais et nourrissais moi même ma propre culpabilité (à circonstances équivalentes d’autres personnes ne culpabiliseraient pas alors pourquoi dois-je m’encombrer avec ça?)

Lire aussi: “100 bonnes raisons d’être malheureux”

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Ma deuxième prise de conscience a été d’identifier le lien entre besoins, valeurs, frustration et culpabilité. Désormais je me pose vraiment la question de ce qui est important pour mes proches et pour moi. Je compare mes valeurs à mon besoin ce qui m’aide à trancher pour l’un ou l’autre. Si je décide d’opter pour mes besoins je décide également de ne pas culpabiliser et de tirer plaisir de cette situation. J’ai également constaté avec les années, l’importance de prendre du temps pour moi. Je dis souvent que la meilleure façon de contribuer au bonheur de nos enfants est de veiller à son propre bien être. Prendre soin de soi c’est prendre soin d’eux. Il n’y a aucune culpabilité à avoir. En vous accordant du temps vous serez plus patientes, plus détendues, plus en forme donc plus disponibles pour votre famille et tout le monde en ressentira les bénéfices.

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Enfin mon dernier déclic a été de comprendre que la culpabilité est un sentiment aussi altruiste qu’égoïste. Altruiste, car il suppose d’avoir de l’empathie pour les autres; égoïste, car il permet de se sentir responsable et se donner bonne conscience “ok j’ai refusé de rendre service à ma voisine mais je culpabilise tellement, ça prouve bien que je suis une bonne personne…!” Il y a une différence fondamentale entre être responsable et être coupable.

En gros, vous ne serez jamais épanouies en écoutant uniquement vos valeurs, car vous vivrez pour les autres avec le sentiment de frustration permanent. A l’inverse, vous ne serez jamais épanouies en écoutant uniquement vos besoins car vous nourrirez une culpabilité telle, que vous penserez être une mauvaise personne. C’est comme tout, il faut trouver un juste équilibre!

Alors oui, la parentalité positive peut être culpabilisante mais la culpabilité que vous ressentez ne vient pas des idées que véhicule ce mode éducatif mais plutôt de votre façon d’interpréter les choses (c’est un peu culpabilisant ça non?). Après quelques années d’expériences auprès des enfants et des parents, je peux vous garantir que vous êtes le meilleur parent qui soit pour votre enfant. C’est une évidence!

Stop à la culpabilité. Nous sommes des mamans bienveillantes! Cliquez pour tweeter

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