Vous avez lu tous les livres existants sur la parentalité positive. Vous savez désormais que les caprices n’existent pas et pourtant, rien y fait ! Vous ne parvenez pas à venir à bout de ces comportements indésirables. Votre enfant pique toujours de terribles colères, il s’oppose, il boude et vous ne savez pas comment vous positionner face à ses réactions.
Ne vous découragez pas, il est possible de se défaire de ces comportements. Il est probable que vous ne regardiez pas dans la bonne direction, c’est tout.
Ma petite expérience :
Lorsque je travaillais dans un internat pour enfant ayant des troubles du comportement, mes collègues et moi avions mis en place un système de récompense. (Nous renforcions les bons comportements en distribuant des jetons aux enfants…). Nous pensions que renforcer les bons comportements suffirait à éradiquer les “mauvais”. C’est une technique qui fonctionnait sur le court terme mais qui avait des effets très négatifs sur le long terme ! Comme vous peut-être, nous ne regardions pas dans la bonne direction.
Personnellement, je n’ai jamais adhéré à cette pratique. Elle développe une motivation extrinsèque qui fait que l’enfant adopte un comportement uniquement dans le but d’obtenir quelque chose. J’étais persuadée que ce système ne résoudrait rien au problème de comportement. C’était un peu comme camoufler un trou dans un mur par un joli tableau. Le trou est toujours là !
De mon côté, je me suis plutôt penchée sur les causes des comportements. J’ai tenté de comprendre dans quel but un enfant pouvait avoir un comportement indésirable ? Qu’est-ce qui pouvait l’amener à taper, crier, s’opposer? Qu’espérait-il en adoptant ces comportements ? Quels étaient ses besoins inexprimés ? Inévitablement, j’en suis venue à la question des émotions. J’ai alors découvert un champ des possibles que je ne soupçonnais pas ! J’ai compris le rôle et l’impact des émotions sur nos comportements, nos doutes, nos réactions et sur notre vie toute entière! J’ai compris que TOUT ce que nous faisons au quotidien est déterminé par la façon dont nous gérons nos émotions.
J’ai alors changé de regard sur les comportements des enfants. Je ne les voyais plus comme des problèmes (contrairement à l’expression «problème de comportement») mais comme des symptômes. En effet, les comportements indésirables (bouderies/oppositions/caprices) viennent nous dire quelque chose de l’état émotionnel de l’enfant. C’est à nous, adultes, de les décrypter, pour amener l’enfant à comprendre, gérer et exprimer ses émotions de façon adaptée. Finalement, le problème n’est pas le comportement lui-même mais plutôt, tout ce qu’il camoufle (manque de confiance, tristesse, besoin d’attention…)
Mais alors, si les comportements ne sont pas des problèmes, où est le problème ?
Le problème c’est que jamais personne ne nous a appris à gérer nos émotions. Pire encore, nous avons appris à dissimuler la colère, la peur, la tristesse et même la joie. Nous avons appris à enfouir et taire tout ce qui dérangeait. L’éducation traditionnelle pensait qu’accorder de l’importance aux émotions les développaient ! A partir de là, de façon plus ou moins inconsciente, nous reproduisons ce que nous avons connu. Nous haussons le ton, nous punissons ou alors, nous laissons passer ! Quels que soient nos réactions de parents, nous sommes dans l’imitation ou dans l’opposition de l’éducation que nous avons reçue, et c’est bien normal.
Heureusement, nous savons désormais, grâce aux avancées des neurosciences affectives, que refouler des émotions a des effets très négatifs sur les enfants et les adultes qu’ils deviendront. Nous savons qu’il est primordial et nécessaire d’accompagner les émotions des enfants. Avant de vous expliquer comment faire dans un prochain article, j’aimerai vous présenter plusieurs sortes d’émotions décrites par Isabelle Filliozat dans son livre “Que se passe-t-il en moi?”
Les différents types d’émotions :
∗ Les émotions élastiques :
Ce sont des émotions de l’enfance refoulées. Vous savez ? Celles dont vous ne parvenez jamais à vous défaire vraiment, qui reviennent comme des boomerangs. Dîtes-vous que plus vous laisserez la place aux émotions de votre enfant plus il pourra s’en libérer.
∗ Les émotions de substitution :
Ce sont des émotions ressenties à la place d’autres émotions. Il arrive parfois, que derrière la colère des enfants, se cache une profonde tristesse.
∗ Les collections de timbres :
Ce sont des émotions accumulées. Une fois que la collection est assez fournie, elle explose ! Une collection peut se confectionner sur une journée, des semaines voire des années…! C’est pareil pour votre enfant. Il cumule tout un tas de tensions qui finissent par sortir à un moment donné. Plus il accumule, plus l’explosion promet d’être grandiose, si vous voyez ce que je veux dire…
∗ Les pommes de terre chaudes :
Ce sont des émotions enfouies et refoulées pendant des années qui se transmettent de façon inconsciente sur les générations futures. Ceci explique que certains comportements se répètent au sein d’une même famille.
∗ Les émotions contagieuses :
Ce sont les émotions d’autrui qui viennent vous « contaminer ». Les enfants sont particulièrement sensibles aux émotions de leur entourage. On dit souvent d’eux qu’ils sont des éponges émotionnelles car ils absorbent des émotions qui ne sont pas les leurs.
[spacer]
Pourquoi s’intéresser aux émotions ?
Si vous vous penchez sur la question des émotions, vous remarquerez un impact positif sur votre vie de famille. Vous parviendrez à comprendre les réactions de votre enfant, ainsi qu’à combler ses besoins. Vous lui apprendrez à exprimer ses ressentis de façon adaptée et vous verrez petit à petit ses comportements indésirables diminuer. Le climat familial redeviendra serein et vous pourrez à nouveau passer de doux moments en famille sans craindre ses réactions. J’ai constaté ces changements au sein de l’internat dans lequel je travaillais. L’accompagnement des émotions a totalement bouleversé ma façon de travailler. Au point que j’ai décidé de quitter mon travail pour accompagner les familles vers la parentalité positive.
Je ne peux que vous encourager à vous intéresser à vos propres émotions dans un premier temps, pour mieux accompagner celles de vos enfants ensuite. Car comment ne plus crier si vous ne savez pas exprimer votre colère ? Comment réconforter votre enfant si vous n’accueillez pas votre tristesse ? Comment sécuriser votre enfant si vous n’identifiez pas vos peurs? Comment être heureux en famille si vous ne savez pas gérer vos émotions ?
Je dis souvent que développer l’intelligence émotionnelle de votre enfant est le plus beau cadeau que vous puissiez lui faire. C’est une façon de lui donner des bases solides pour devenir un adolescent et un futur adulte confiant, serein et heureux.
Dans un prochain article je vous parlerai de Victor, ce petit garçon décrit comme “capricieux”. Je vous expliquerai comment ses parents et moi avons réussi à comprendre ses comportements et à l’accompagner dans la gestion de ses émotions.
Et parce que j’adore créer des outils, je vous ai préparé une carte mentale qui reprend les quatre émotions de base ainsi que les sentiments et besoins associés. Vous pouvez la télécharger ici.
Je vous invite à laisser votre avis, vos expériences et vos questionnements dans les commentaires. Je serai ravie d’échanger avec vous autour de ce sujet qui me passionne!
[spacer]
Vous aussi vous pensez ne pas regarder dans la bonne direction?
De plus en plus de parents me contactent pour que je les accompagne dans la gestion des émotions de leur enfant. Face à ce constat, j’ai décidé de mettre à disposition des familles les outils que j’utilise en tant qu’éducatrice. J’ai donc conçu un kit complet d’accompagnement des émotions “les cartémotions” dans le but d’aider un maximum de parents et d’enfants.