La communication, vaste sujet. Entre ceux qui n’en disent pas assez, ceux qui en disent trop, ceux qui expriment leurs pensées, ceux qui se vexent pour un rien, ceux qui coupent la parole, ceux qui ne décrochent pas un mot… Nous avons tous des choses à repenser en terme de communication pour améliorer la qualité de nos relations avec les autres. La communication bienveillante (aussi appelée Communication Non Violente) permet justement de s’exprimer différemment pour limiter les conflits.
En effet, la manière dont on communique impacte directement nos relations. C’est par le langage (entre autre) que nous créons ce lien de confiance nécessaire à toute relation épanouie. Que ce soit au travail, à la maison, en famille, avec nos enfants, notre conjoint, nos amis… communiquer avec bienveillance demande une réelle prise de conscience et de recul.
Pourquoi la communication bienveillante améliore nos relations ?
C’est Marshall Rosenberg, élève de Carl Rogers qui a fondé la Communication Non Violente (CNV). Selon lui, ce mode de communication bienveillant permet d’être relié à soi mais également à son interlocuteur. Dans son ouvrage “Les mots sont des fenêtres (ou bien ces sont des murs)“, il explique que la communication peut entraver la bienveillance. Les jugements, les comparaisons, le refus de responsabilités, les critiques, les exigences sont autant de moyens d’expression qui impactent négativement une relation.
Dans un mode de communication « classique », on part de soi et on a tendance à accuser l’autre de nos maux et sentiments. Avec la communication bienveillante, on inverse le processus.
L’objectif de la Communication Non Violente n’est pas de changer les autres et leurs comportements afin d’obtenir ce que nous voulons. Il est plutôt d’établir des relations fondées sur la sincérité et l’empathie qui, au bout du compte, satisferont les besoins de chacun. Et de se rendre compte que les besoins de notre interlocuteur ne sont ni bons, ni mauvais, mais simplement différents des nôtres et bien souvent non comblés.
D’autre part, une communication de qualité au sein de la famille, permet à l’enfant de développer très tôt son intelligence relationnelle.
Lors de ses conférences, Marshall Rosenberg se sert de deux animaux pour faire découvrir comment fonctionne la communication : le chacal et la girafe.
Le chacal
Il s’exprime sur un ton péremptoire, il tient tête pour défendre son point de vue car il est certain de détenir la vérité. le chacal est toujours persuadé de savoir ce qui est juste et ce qui est faux. Il lui arrive même d’exercer une certaine pression sur son interlocuteur : chantage, menace, jugement. Il a peu d’estime pour les sentiments. Selon lui, le monde est fait de gagnants et de perdants.
La girafe
Elle s’exprime avec bienveillance et va volontiers à la rencontre de l’autre. Cette personne reconnaît ses propres besoins mais aussi ceux de son interlocuteur. Elle sait que derrière chaque émotion, chaque sentiment, se cachent des besoins fondamentaux et ne se sent pas visée quand un chacal s’adresse à elle.
Vous l’aurez comprit, mieux vaut être une girafe pour entretenir des relations harmonieuses. Si vous vous reconnaissez dans le chacal, pas d’inquiétude ! Sachez que nous adoptons tous à un moment donné ce mode de communication. Nous ne sommes jamais tout à fait chacal ni tout à fait girafe !

Comment apprendre à s’exprimer de façon bienveillante ?
Il existe 2 phases dans la communication non violente :
- La phase où l’on s’exprime avec sincérité
- La phase où l’on écoute avec empathie
Phase 1 : s’exprimer avec sincérité
Marshall Rosenberg a mit en perspective 4 temps dans la communication non violente :
- Le temps d’observation, pendant lequel on expose les faits sans jugement ni évaluation (sinon se serait une critique)
- Le temps de l’expression des sentiments, pendant lequel on met des mots sur nos ressentis. Attention à bien différencier les sentiments des pensées qui ne sont bien souvent que des interprétations.
- Le temps de l’expression du besoin, pendant lequel nous relions nos émotions à nos besoins fondamentaux.
- Le temps de la demande, pendant lequel nous formulons une question claire, de façon affirmative avec une action concrète. Attention à ce que la demande ne soit pas une exigence!
Retrouvez une infographie reprenant les 4 temps de la communication bienveillante dans la bibliothèque des Par’Ambitieux.
Ainsi, communiquer de façon non violente pourrait donner dans une conversation :
Lorsque je rentre à la maison et que je vois toute cette vaisselle dans l’évier (observation), je suis en colère (sentiment) car j’ai besoin d’ordre (besoin). Pourrais-tu s’il te plait, faire la vaisselle un jour sur deux (demande) ?
Personnellement à l’étape de la demande, je préconise d’utiliser la technique de résolution de problème. En effet, je pense qu’il est encore plus efficace d’inviter l’interlocuteur, enfant ou adulte à trouver une solution qui satisfasse les besoins de chacun. Ainsi cela donnerait :
Quand je rentre et que je vois toute cette vaisselle dans l’évier (observation), je suis en colère (sentiment) car j’ai besoin d’ordre (besoin).
Quelle solution pourrions nous trouver ensemble ? (demande)
lire aussi: Comment aider un enfant à résoudre ses problèmes?
Phase 2 : écouter avec empathie
La façon dont on écoute son interlocuteur joue également un grand rôle dans la qualité de nos échanges. Nos enfants nous sollicitent souvent et il faut bien admettre que, pris dans nos quotidiens surmenés, nous ne leur tendons pas toujours l’oreille empathiquequ’ils méritent. Alors, on tend nos oreilles de girafe…
Les enfants qui se sentent écoutés ont plus tendance à écouter à leur tour. Cliquez pour tweeter
Marshall Rosenberg explique qu’il y a 4 façons d’accueillir un message négatif
En mode chacal :
- Se sentir fautif ⇒ les oreilles tournées vers soi : “Il y a quelque chose qui cloche chez moi, c’est ma faute”.
- Rejeter la faute sur l’autre ⇒ les oreilles tournées ver l’autre : “Il y a quelque chose qui cloche chez lui, c’est de sa faute”.
En mode girafe :
- Percevoir nos besoins et sentiments ⇒ les oreilles tournées vers soi : “Comment je me sens, quels sont mes besoins?”.
- Percevoir les besoins et sentiments de l’interlocuteur ⇒ les oreilles tournées ver l’autre : “Comment se sent-il, quels sont ses besoins?”.
Evidemment, la théorie est facile à comprendre, nettement moins à pratiquer (ça ne serait pas drôle sinon !). Je dis souvent qu’apprendre à communiquer de façon bienveillante est un peu comme apprendre une nouvelle langue. Au départ, on tâtonne, on se trompe, on n’est pas naturel. Mais les efforts finissent toujours pas payer.
Personnellement, je n’utilise pas la communication non violente au quotidien, uniquement dans les situations qui me semblent nécessaires, quand je sens poindre un conflit par exemple. Bien sûr, le quotidien, ses aléas et nos émotions font que souvent on ne prend pas garde à l’impact de nos paroles dans nos échanges. En réalité, il n’est jamais trop tard, vous pouvez vous servir de la communication bienveillante pour revenir sur les faitsune fois que les émotions sont retombées (c’est à dire 20 minutes plus tard, car les neurosciences ont prouvé qu’il fallait 20 minutes au cerveau pour se calmer d’une émotion vive).
La communication non violente peut être également utilisée quand tout va bien, lorsque vous voulez témoigner votre reconnaissance ou tout simplement renforcer un comportement positif de votre loulou. Dans ce cas, vous pouvez utiliser les 3 premiers temps de la communication non violente :
Quand tu débarrasses la table (observation), je suis très contente (sentiment) parce-que ça me libère du temps pour faire autre chose (besoin). Je te remercie.
lire aussi: : 10 compliments par jour

S’il n’y avait qu’une chose à retenir sur la communication bienveillante :
Les comportements de vos enfants ne sont que des déclencheurs d’un besoin non satisfait chez vous, pas la cause de vos émotions.
Mon interlocuteur n’est pas le responsable, mais seulement le déclencheur de mes sentiments
Derniers petits conseils pratiques lors de situations conflictuelles :
De manière générale, essayez de parler à la première personne. Cette petite astuce peut faire toute la différence. Dire « je suis fatiguée de voir tout ce bazar » ne sonne pas pareil que « tu es bordélique ». Le « Je » exprime, le « tu » accuse !
Vous pouvez également tenter de bannir les généralités du genre : toujours, jamais, souvent, tout le temps. « C’est toujours pareil avec toi », « tu ne fais jamais attention », « tu es tout le temps en retard » etc…
J’espère que vous cet article vous aidera dans votre mode de communication et je vous souhaite de doux échanges en famille !
Marine ♥
Et pour ceux qui préfèrent les images (cliquez sur la vidéo) :
Ouvrages pour cet article:




On échange autour de cet article ?
- Avez-vous des difficultés pour exprimer vos sentiments et vos besoins ?
- Savez-vous accueillir un message négatif sans vous vexer ?
- Avez-vous des conseils à partager pour communiquer de façon bienveillante en famille ?
Vos avis, expériences et suggestions sont les bienvenus dans les commentaires.
Je découvre ton blog, il est super! Je vais partager ;-)! Merci pour cet article très intéressant! En effet, la communication est un vaste sujet à la base de tant de choses… Une question me vient à l’esprit: comment faire pour résoudre un conflit avec un adulte qui ne souhaite pas chercher de solution pour résoudre un problème? A l’étape “quelle solution pourrions-nous trouver ensemble?” mais que l’interlocuteur ne souhaite pas en trouver? Est-ce que cela signifie que rien qu’en changeant notre attitude, ressenti et comportement envers la personne, cela pourrait contribuer à trouver une solution (ou y a-t-il des “limites”…)?
Bonjour Emeline,
Merci pour ce commentaire. Comme je le dis dans l’article adopter un mode de communication bienveillant est loin d’être chose aisée. En cas de conflit je pense qu’il est essentiel de revenir sur la situation lorsque les émotions sont retombées sans quoi on risque d’être dans une opposition gagnant/perdant. Dans ce cas de figure il est effectivement très difficile de trouver un consensus. Si malgré la communication non violente, la personne ne souhaite pas participer à l’élaboration de solution, je pense qu’il est important d’accepter cette situation et pourquoi y revenir plus tard. Avoir pu exprimer ses sentiments et émotions avec bienveillance est déjà un grand énorme! Ce ne sont que des petits pas mais on avance quand même!
Merci pour ta réponse! Oui, c’est sûr que c’est un travail et qu’on avance même en faisant de petits pas!