Une journée ordinaire peut parfois réserver son lot de surprises extraordinaires: la voiture qui tombe en panne, la perte des clefs de la maison, l’oubli d’un rendez-vous important, la dispute avec le voisin… Tout comme nous, les enfants sont traversés par de vives émotions tout au long de la journée: un vol à l’école, une insulte reçue, une bagarre entre frères et sœurs…
Selon Isabelle Filliozat, “L’intelligence du cœur est la capacité à résoudre les problèmes posés par la vie […] c’est savoir aimer et construire à travers les épreuves de la vie”. Je parle souvent d’intelligence émotionnelle lors de mes accompagnements car elle est selon moi la base de tout épanouissement. C’est la source de notre bonheur.
L’intelligence émotionnelle correspond à notre capacité à identifier, gérer et exprimer nos émotions tout en tenant compte de celles des autres. Une des composantes de l’intelligence émotionnelle suppose d’aider l’enfant à trouver par lui même les solutions à ses problèmes. Cette compétence lui sera nécessaire pour apaiser les relations conflictuelles, prendre des décisions éclairées ou encore affronter les difficultés quotidiennes avec courage.
Nos 6 réponses faces aux problèmes de nos enfants:
Souvent en tant que parents, nous n’aimons pas voir nos enfants aux prises avec leurs émotions. Isabelle Filliozat a identifié 3 postures adoptées par les parents. La posture du sauveur qui console et prend en charge le problème; la posture du persécuteur qui accuse ou la posture de la victime qui se lamente. Au fil de mes recherche je rajouterai 3 autres postures: le phisolophe qui débat sur le sens du problème, le detective qui tente de comprendre pourquoi et le sans-souci qui nie le problème.
Imaginons la situation suivante: votre fille rentre de l’école en larme car sa copine de classe l’a insultée d’idiote:
“Ne t‘inquiète pas ma chérie, demain matin j’irai lui parler pour arranger ça“. Ce genre de réponse, déresponsabilise l’enfant et le rend dépendant de nous. Si nous trouvons des solutions aux problèmes de nos enfants, cela peut évidemment les rassurer sur le court terme. Néanmoins, ils ne tireront aucun avantages sur le long terme. Ils n’apprendront pas à se débrouiller seuls et ne développeront pas leur autonomie.
“Qu’est que tu lui as fait pour qu’elle te parle comme ça? Tu as bien dû lui faire quelque chose?” Ce genre de réponse, en plus de nier les véritables émotions de l’enfant (ici la tristesse) augmente sa culpabilité. Sans même avoir connaissance du contexte, nous accusons l’enfant et le rendons responsable de la situation.
“Ma pauvre chérie, je me sens triste pour toi” Ce genre de réponse n’aide pas l’enfant à se détacher de ses émotions négatives. Au contraire elle peut les renforcer.
“Dans la vie, on traverse tous des moments difficiles, il y a des hauts et des bas…” Dans ses moments l’enfant a plus besoin d’exprimer son ressenti que d’entendre “c’est la vie”.
“Pourquoi a t-elle dit une chose pareille? qu’as tu repondu?” Les questions en “pourquoi” sont souvent difficiles pour les enfants. En plus de porter leurs émotions ils vont tenter d’en comprendre la cause et se sentir souvent responsables.
“Ce n’est pas très grave, ça ira mieux demain”. Ici on minimise le problème de l’enfant, on ne prend pas en compte ses émotions. quand on incite un enfant à mettre de coté un sentiment pénible, même avec douceur, bien souvent, cela le bouleverse encore plus. L’enfant se sent alors incompris.
[alert_box style=”message” close=”no” custom_class=””]D’après Faber et Mazlish, la meilleure réponse a apporter aux enfants serait la réponse empathique “Eh bien, j’ai l’impression que tu es très touchée par cette situation. Se faire insulter par son amie c’était surement très difficile”. On tente d’identifier les émotions de l’enfant sans jugement.[/alert_box]
Comment aider un enfant à résoudre ses problèmes?
Après avoir répondu de façon empathique au problème de notre enfant, il faut ensuite l’accompagner dans la résolution de problèmes. Au fil de mes lectures et recherches sur ce sujet j’ai pu identifier quatre grandes étapes dans la résolution de problème.
- Le temps de pause: Il s’agit de proposer à l’enfant de se calmer, se ressourcer, de reconnecter son cerveau d’en haut comme l’explique Daniel Siegel ( j’y reviendrai dans un prochain article) afin de faire retomber les émotions. Ce temps est nécessaire pour trouver des solutions par la suite.
- L’identification du problème: Il s’agit d’inviter l’enfant à parler du problème, d’expliquer le contexte et les émotions ressenties.
- La recherche de solutions: Il s’agit ici d’énumérer ensemble toutes les solutions possibles au problème, même les plus farfelues. Les enfants ont souvent des réponses très créatives!
- L’évaluation des solutions: Il s’agit de passer en revue chacune des solutions, faire le tri entre celles que l’on garde, celles que l’on met de coté et celles que l’on souhaite tester.
Plusieurs compétences sont ainsi développées: apprendre à réfléchir, comprendre par soi même, discerner, choisir, se fixer des objectifs, se montrer responsable, faire des propositions. Aussi et surtout l’enfant se rend compte qu’il existe tout un tas de solutions différentes. Que certaines semblent plus adaptées dans telles circonstances alors que d’autres moins.
[blockquote] Avoir confiance en la capacités des enfants à résoudre eux-mêmes leurs problèmes, c’est aussi une dimension importante du processus d’apprentissage. Jane Nelsen, psychologue. [/blockquote]
Lire aussi: Philosopher et méditer avec les enfants. Pourquoi, comment?
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Je vous ai préparé un outil de résolution de problèmes que vous pouvez proposer à votre enfant la prochaine fois qu’il rencontrera une situation désagréable.
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Pour les situations plus générales vous pouvez constituer une roue des choix avec votre enfant. Il s’agit d’un support visuel élaboré par Jane Nelsen, répertoriant les différentes solutions pour un problème donné.
Voici un exemple de roue des choix que j’ai réalisé pour l’émotion de la tristesse:
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Ainsi, l’enfant pourra se référer à sa roue et trouver lui même la meilleure solution. La roue des choix est à élaborer avec l’enfant, il pourra par la suite la colorier ou la décorer comme bon lui semble. Vous trouverez ici une roue des choix vierge.
Encore une fois, tout ceci parait simple. Néanmoins, c’est un réel travail que d’accompagner nos enfants dans la résolution de leurs problèmes. C’est leur permettre de grandir le plus sereinement possible. Enfin n’oublions pas qu’encourager son enfant à développer son intelligence émotionnelle, nécessite obligatoirement que nous développions notre propre intelligence émotionnelle…
Et pour ceux qui préfèrent les images:
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Ouvrages pour cet article:
On échange autour de cet article?
- Avez-vous déjà utilisé la technique de la résolution de problème?
- Pensez-vous que la résolution de problème est un outil intéressant pour votre famille?
- Quelles autres astuces utilisez-vous pour aider votre loulou à résoudre ses problèmes?
Vos avis, expériences et suggestions sont les bienvenus dans les commentaires. Merci!
Bonjour,
Merci pour cette article très intéressant. Je débute dans la parentalité positive, du coup j’aurais une question votre solution proposé pour résoudre un conflit est applicable à partir de quel age? Notre fils à 4 ans depuis quelques jours et de gros soucis avec son papa ( qu’il aime pourtant je suis persuadé) mais je n’arrive pas à le faire parler pour qu’il m’explique se qu’il ne va pas.
Bonjour,
Tout d’abord merci pour votre commentaire. Pour répondre à votre question, on peut initier très tôt nos enfants à la résolution de problème. Dès 3, 4 ans vous pouvez les inviter à réfléchir et échanger autour d’une situation donnée. Bien sûre au début ce n’est pas simple. De manière générale évitez les questions en “pourquoi” qui sont trop complexes pour les loulous. Concernant votre situation particulière, j’aurai besoin d’en savoir un peu plus. Vous pouvez me contacter par mail en me donnant davantage de détails, y a t’il eu un événement déclencheur? Je me ferai un plaisir de vous répondre et vous apporter mon aide.
Je vous souhaite une belle journée.
Marine.